Dans un climat de fortes tensions diplomatiques avec la France, son ancien colonisateur, l’Algérie a adopté une loi criminalisant la colonisation. Le texte, voté à l’unanimité par les députés algériens ce mercredi 24 décembre, marque une nouvelle étape dans la bataille mémorielle qui oppose Alger à Paris.
Après 2001 et 2005, c’est la troisième fois qu’un projet de loi de ce type est présenté au Parlement algérien. Cette fois, le texte a franchi le cap. Il qualifie la colonisation française de crime, détaille les exactions, spoliations, massacres, déportations et atteintes à la dignité humaine commises durant 132 ans de domination coloniale, et exige des excuses officielles de l’État français.
Une loi mémorielle à forte portée politique
Pour les autorités algériennes, cette loi vise à réhabiliter la mémoire nationale, à transmettre la vérité historique aux nouvelles générations et à inscrire juridiquement les souffrances du peuple algérien. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de reconquête narrative face à ce qu’Alger considère comme une reconnaissance insuffisante, voire sélective, du passé colonial par la France.
Paris face à ses silences
Côté français, la question reste hautement sensible. Si Paris a multiplié ces dernières années des gestes symboliques — reconnaissances partielles, rapports d’historiens, hommages ciblés — les excuses officielles réclamées par Alger demeurent un tabou politique. À court terme, elles ne semblent pas à l’ordre du jour, tant le sujet divise la classe politique française et l’opinion publique.
Des relations sous tension durable
Cette nouvelle loi risque de raviver les crispations diplomatiques entre les deux pays, déjà fragilisées par des désaccords sur les visas, la sécurité, l’immigration et les dossiers géopolitiques régionaux. Elle pourrait aussi relancer le débat, au-delà de l’Algérie et de la France, sur la responsabilité des anciennes puissances coloniales et la place de la mémoire dans les relations internationales contemporaines.
Plus qu’un texte juridique, cette loi est un acte politique fort, un message adressé à la France mais aussi à l’Afrique et au monde : le passé colonial reste une plaie ouverte, et tant qu’il ne sera pas pleinement assumé, il continuera de peser sur le présent.





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