Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs pays africains figurent parmi les plus grands consommateurs d’alcool par habitant au monde. Le Gabon, le Cameroun, le Nigeria, l’Ouganda ou encore l’Afrique du Sud apparaissent régulièrement en tête des classements.

Ce constat interpelle Afroscopie. Derrière les chiffres, une question essentielle se pose : que révèle réellement le rapport de l’Africain à l’alcool ?

1. Le rapport de l’Africain avec l’alcool : entre culture, socialisation et dérive

En Afrique, l’alcool n’est pas qu’un produit de consommation. Il est historiquement lié :

  • aux rites traditionnels (libations, cérémonies, funérailles, mariages),
  • à la convivialité communautaire,
  • à certaines formes de reconnaissance sociale.

Mais ce rapport ancestral a profondément muté.
Aujourd’hui, l’alcool s’est banalisé, industrialisé et surtout désacralisé. Il n’est plus un symbole ponctuel, mais un réflexe quotidien, parfois précoce, souvent excessif. La consommation commence de plus en plus jeune, se fait sans encadrement et s’inscrit dans une logique de fuite plus que de célébration.

2. Pourquoi les Africains boivent-ils autant ?

Plusieurs facteurs structurels expliquent cette surconsommation :

🔹 La pression sociale et économique
Chômage massif, précarité, inégalités, absence de perspectives : pour beaucoup, l’alcool devient un anesthésiant émotionnel face à la frustration sociale.

🔹 L’ennui et le manque d’espaces de loisirs sains
Dans de nombreuses villes africaines, les bars et débits de boisson sont plus nombreux que les bibliothèques, centres culturels ou infrastructures sportives.

🔹 Le marketing agressif des industries de l’alcool
Les multinationales ciblent l’Afrique comme un marché d’avenir : sponsoring d’événements, prix accessibles, publicité omniprésente, absence de régulation stricte.

🔹 La faiblesse des politiques publiques
Peu de campagnes de prévention, contrôle limité, fiscalité permissive : l’alcool circule librement, parfois au détriment de la santé publique.

3. Quelles conséquences sur le développement du continent ?

La consommation abusive d’alcool est un frein silencieux mais puissant au développement de l’Afrique.

🔻 Sur le plan sanitaire
Augmentation des maladies chroniques, troubles mentaux, accidents de la route, violences domestiques, mortalité précoce.

🔻 Sur le plan économique
Baisse de la productivité, absentéisme, dépenses de santé élevées, appauvrissement des ménages.

🔻 Sur le plan social
Désintégration familiale, criminalité, violences urbaines, perte de repères chez la jeunesse.

🔻 Sur le plan stratégique
Un continent dont une partie de la population active est affaiblie par l’alcool compromet sa capacité à innover, produire, gouverner et se projeter dans l’avenir.

Changer de regard, changer de cap

Il ne s’agit pas de diaboliser l’alcool, mais de repenser notre rapport collectif à la consommation. Le développement de l’Afrique passera par une jeunesse lucide, en bonne santé, productive et consciente des pièges qui entravent son émancipation.

La vraie question n’est donc pas seulement combien l’Afrique boit, mais pourquoi elle boit… et surtout ce qu’elle perd en buvant trop.

Question Afroscopie (interactive)

👉 L’alcool est-il devenu en Afrique un refuge face à l’échec des politiques publiques, ou un choix individuel assumé ?
👉 Quelle responsabilité pour l’État, la famille et la société civile ?


✍️ Giscard Ndjogou
Chroniqueur – Politiques
Afroscopie News

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